Economiepolitique

l’arbre de la retraite cache-t-il la forêt de problèmes plus graves ?

Paru dans linkedIn le 18 janvier 2023 et comme Billet d’humeur du blog

A tous ceux dont les activités vont être gênés par la grève du 19 janvier 2023 : Bon courage !

A tous ceux qui vont faire grève, vous exercez un droit important, usez de ce droit avec un esprit de responsabilité, comme devrait le faire chacun lorsqu’il exerce un droit quelconque reconnue par la loi ou la coutume !

Mais êtes-vous certains, les uns comme les autres, de traiter les bons sujets.

Le temps des débats pour prendre des décisions dont les effets réels seront très progressifs. Le temps utilisés pour ajuster un système qui ne nécessite pas de correction urgente, le temps passé à discuter s’il ne faudrait pas mieux aligner les conditions de retraite de la fonction publique sur celles du privé, le temps à ergoter pour trouver des règles généralisables de pénibilité ou d’usure au travail (nouvelle expression) alors qu’une négociation entre professionnels permettrait par une connaissance commune de trouver des dispositions justes.

Tout ce temps n’est-il pas perdu face à l’urgence de prendre des décisions structurelles notamment en matière d’énergie.

En effet, rappelons que la capacité de distribuer de salaires et des retraites repose dans chaque pays essentiellement sur l’existence d’entreprises et d’institutions permettant de produire des richesses réelles (valeurs ajoutées). Plus les individus au travail sont productifs, plus les salaires et les pensions seront élevées.

La condition sine qua none de cette productivité est la mise à disposition des agents économiques d’une énergie abondante et peu chère.

Or la maladresse ou l’incompétence des uns, les desseins inavoués de certains, ou encore la malignité d’autres ont fragilisé l’ensemble du système de production et de fixation des prix de l’électricité en Europe.

Leurs caractéristiques minimales devraient être connues de tous car elles ont été explicités depuis longtemps (70 ans en France) : surcapacité de production, maîtrise des combustibles, tarification la plus stable possible ce qui implique pour la majorité des utilisateurs une tarification proche des coûts de production et de distribution et seulement pour des utilisateurs spécifiques, tarification sur les coûts marginaux . Tout ceci a été démontré ,notamment par Marcel Boiteux, dès les années 1950. Même si à plus de 100 ans, il vit encore, il a été hélas bien oublié.

Les moyens de production ont été affaiblis en retirant de façon trop vite des usines de production nucléaires.

Des dépendances inexistantes il y a vingt ans ont été créées (gaz russe).

Le système de fixation des prix pour les utilisateurs industriels et les artisans sur le coût marginal les a exposés à tous les chocs conjoncturels, les boulangers le vivent aujourd’hui. Et la baisse de consommation dont se félicite le gouvernement n’est que le reflet des arrêts de production d’industrie fortement consommatrice (transformation de matériaux).

Au total, si rien n’est fait pour faciliter le retour de la production de biens en France, si on ne met pas résolument des moyens massifs de production d’électricité, décarbonés et notamment nucléaires, non seulement les objectifs climatiques ne seront pas atteints, mais toute réforme des retraites ne sera qu’un pis aller.

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