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Résolution de début d’année : il faut renouveler les paradigmes des organisations.

Extrait de mon intervention en tant que président au cours de la traditionnelle cérémonie des vœux de l’Af2i (Association française des investisseurs institutionnels) le 23 janvier 2025, après les salutations d’usage le cœur du message de début d’année a été :

( …. ) j’aborderai trois sujets :

Tout d’abord au nom de l’Af2i je vous souhaite une excellente année 2025 pleine de joie et de réussite à tous : les membres actifs, les membres partenaires et tous les acteurs du marché de l’investissement institutionnels. J’adresse également ces vœux à vous, ici présents, à vos familles, et à ceux qui vous sont chers.

Des vœux seront tout spécialement adressés aux institutions que vous servez.

En effet, leurs caractéristiques d’investisseurs permanents et leurs missions envers leurs clients ou ayants droit participent à la stabilité et à la prospérité de notre pays et de sa société civile. Nous espérons que le contexte, les décisions prises, les conditions financières leur permettront d’être toujours plus performantes pour le bien de tous.

Cette séquence s’inscrit bien sûr dans la ligne de l’élection du Président Trump, mais aussi de la nécessaire adaptation du système européen qui, manifestement, ne satisfait plus les populations européennes.

Les récents rapports Draghi et Letta l’ont confirmé.

L’Af2i, votre association, qui est proche des sujets et du terrain en avait fait le constat dès le début 2022. Un travail validé par les différentes instances après l’été avait permis de diffuser ici début 2023 même, je cite le titre de notre document disponible sur notre site : « 19 propositions ou recommandations pour tenir compte d’un environnement géopolitique, économique et financier radicalement nouveau ».

Radicalement nouveau, le diagnostic était alors audacieux mais, aujourd’hui avec l’arrivée de l’équipe du président Trump, nous y sommes.

Certes, en matière d’activités humaines, rares sont les périodes d’immobilisme et ceux qui vivent à chaque époque en perçoivent les changements en cours, bénéfiques ou non pour les célébrer ou les critiquer.

Mais il faut avoir conscience que, parfois, des évolutions apparaissent plus radicales que d’autres, et notamment celles qui se révèlent comme irréversibles. De fait, par la suite des situations réellement nouvelles se créent et qui appellent à des adaptations profondes, voire à des changements d’organisation eux aussi radicaux. L’Af2i, en 2022, avait fait ce diagnostic pour notre système économique et financier.

En 2024, avec Eric Sidot, notre délégué général nous avions attribué une note de 0 à 1 selon le degré de réalisation de chaque item par ¼ de point. Le maximum est de 19, nous avons globalement évalué à 4 sur 19. En 2025, nous avons réitéré l’exercice. La note est 4,25, en progrès certes mais la route est encore longue. Si le niveau est faible, ce n’est pas une surprise, car nous connaissions en les formulant la part de l’audace qu’elles contiennent. En 2024, votre Conseil a décidé de reprendre ce travail sur ces propositions pour les compléter ou les ajuster. Nous en reparlerons donc prochainement.

C’est une de nos convictions. Des contraintes extérieures mais aussi et surtout l’insatisfaction des populations le requièrent. Il faut renouveler ces paradigmes. Pourquoi ?

La raison fondamentale est le choix politique européen de mettre en place à tous les niveaux un gouvernement par les règles, c’est-à-dire de construire un système administré. Cette démarche impose de choisir des paradigmes ou principes qui permettent d’écrire ces règles, de les faire évoluer et de les rendre cohérentes entre elles.

Logiquement donc, sans modifier ces paradigmes, aucune réforme véritable n’est possible. On ne peut faire que des replâtrages. Et le constat des insuffisances ne peut aboutir qu’à une complexification normative croissante de moins en moins efficace, rendant les systèmes plus rigides et encore moins réformables. Solvabilité 2 en est un exemple patent, mais également beaucoup de dispositifs prudentiels des marchés financiers et bancaires. Tout ceci entraîne rejets des normes et lassitudes des acteurs empêtrés dans des organisations coûteuses et dont de moins en moins de monde y compris de dirigeants maîtrisent la conception.

La dernière consultation du FSB en cours sur l’effet de levier est le plus récent exemple de cette quête d’une ligne Maginot idéale, toujours plus perfectionnée, mais toujours traversée par l’ennemi.

Le choc de simplification demandé par nos concitoyens impose donc un changement de ces paradigmes.

Nous avions déjà porté ce diagnostic en mai 2021 en écrivant à la Commission européenne pour pointer, note scientifique à l’appui, l’inadaptation des modèles d’actifs utilisés dans la directive Solvabilité 2 pour 1) rendre compte de la gestion à long terme dont nous avons la charge et 2) intégrer des objectifs de durabilité.

De façon générale, je noterai que les paradigmes actuels ont un problème avec la durée et le temps.

C’est pour ces raisons qu’un des axes stratégiques de notre association pour exprimer concrètement notre raison d’être « « Placer le long terme au cœur des dispositifs économiques sociaux et financiers » nous fait travailler pour remettre sans cesse en avant  la nécessité de favoriser et non de brider le rôle de transformation par les investisseurs institutionnels des capitaux reçus pour assurer de façon stable et prévisible en prestations et services attendus par les ayants droit en investissements de long terme, durables et responsables.

Il est clair que tous ces axes d’action, objectifs et raison d’être ne se réaliseront et n’ont de sens que par l’engagement et le soutien de tous les membres de l’association. Je les encourage donc vivement à s’engager, eux et leurs équipes, pour ces causes communes. ( … )

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